Le style Brutaliste : fascinant et immuable !

C'est certainement notre style de prédilection pour mille et une raisons. Il y a quelque chose de simultanément rassurant et singulier lorsqu'on croise le chemin d'une pièce brutaliste, on s'explique !

Des créateurs tels que Pierre Chapo, Paul Evans, Maison Regain ou encore Charles Dudouyt ont plusieurs de leurs créations souvent catégorisées comme brutalistes.

Chaise S45 et Table T35D par Pierre Chapo

Bien que la définition du Brutalisme appartienne d'abord à un style architectural du milieu du siècle dernier favorisant les conceptions en béton brut et sans ornement, cette étiquette est couramment utilisée aujourd'hui pour qualifier du mobilier évoquant une certaine radicalité avec un soupçon de mystère. C'est simple, ce concept peut englober un vieux tabouret alpin à l'aspect rugueux, jusqu'à une table en orme massif de Pierre Chapo. Ce vaste spectre touche ainsi des objets d'époques très différentes avec un niveau de finition tout aussi varié.

Difficile donc de trouver une définition parfaite ou de déterminer les principaux instigateurs de ce style car leurs créations furent souvent qualifiées de brutalistes à postériori. Peut-être semble-t-il y avoir quelque chose de plus intuitif faisant appel à nos émotions pour comprendre que l'on est en face d'un meuble brutaliste.

Pourquoi un tel engouement ?

Le meuble brutaliste est captivant, son design est élémentaire voire primitif. Il emploie des matériaux de toutes sortes sans aller trop loin dans leur transformation. Il laisse émaner avec justesse la beauté des éléments qui le composent sans fioriture. Tout en rondeur ou anguleux, le plus souvent ses proportions sont généreuses et inspirent la robustesse. Au premier coup d'oeil il nous est peu familier voire déconcertant, mais sa présence diffuse une aura particulière. Il se détourne des codes esthétiques habituels et c'est sa taille, sa forme, ou sa finition qui le définissent. On pourrait parfois l'imaginer appartenir à un décor dystopique tel que l'univers de Dune et c'est bien cette conjugaison d'héritage et de modernité qui le rend si unique.

Miroir en pin par Roland Wilhelmsson et Chaise en noyer par Franz X. Sproll

À la croisée des chemins !

Sans être un hybride, le brutalisme réuni souvent plusieurs caractéristiques d'autres styles sans avoir recherché à en prélever l'essence ou en être un sous-représentant.

Il distille certains traits d'autres genres qui, mêlés à ses caractéristiques primordiales, en fait un objet dit brutaliste. Un exemple serait le dépouillement ornemental inhérent au modernisme. Cette particularité associée à de généreuses proportions permet d'instiller l'idée du brutalisme. L'illustration parfaite est le fauteuil "Kashiwado" d'Isamu Kenmochi en cèdre japonais qui incarne le modernisme nippon d'après-guerre et qui aujourd'hui suscite aisément le concept de brutalisme.

« Peut-être semble-t-il y avoir quelque chose de plus intuitif faisant appel à nos émotions pour comprendre que l'on est en face d'un meuble brutaliste. »

On ne naît pas brutaliste, on le devient ?

Utilisé à tort ou à raison, ce qualificatif quelque peu contemporain pour le mobilier s'est aujourd'hui démocratisé au point d'englober un vaste univers d'objets et de styles.

Notre avis, très subjectif sur la question, est qu'un objet peut également "devenir brutaliste", car le temps, cet artisan de l'usure, fini par dissocier l'exclusivité d'un style auquel était lié une pièce, pour lui permettre d'intégrer les rangs de ce nouveau genre. D'aspect plus irrégulier, la patine prend le dessus au point d'apporter cet inexprimable sentiment poétique diffusé par l'objet.

Détail d'assemblage d'une table basse par Roger Capron

Pour finir..

Si le modernisme a permis de démocratiser l'idée de beauté épurée dans le design, il a parallèlement marqué notre détachement d'une époque où l'artisanat utilisait l'abondance de l'ornement pour rimer avec beauté. Le brutalisme fait le pont entre ces deux mondes, il renoue avec l'esprit d'artisanat et de simplicité en suscitant une beauté déroutante à travers un design libre et souvent radical qui s'émancipe souvent de la fonctionnalité pure de l'objet.

C'est certainement un ensemble plus grand dans lequel s'inscrit une variété de créations parfois très différentes mais qui instinctivement nous font éprouver ce même sentiment singulier au premier regard.

La pièce brutaliste selon Helvt Studio

Pour n'en citer qu'une, c'est peut être ce fauteuil safari en chêne massif qui illustre assez bien notre vision du brutalisme. Très proche du sol, il expose fièrement ses assemblages massifs entrelacés de cuir et sa patine lui donne un caractère unique.

Fauteuil lounge type safari en cuir et chêne massif